Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/443

Cette page a été validée par deux contributeurs.

amusaient, animaient la crédulité des Bretons. De là ceux-ci attendaient toujours la flotte anglaise ; elle ne partait pas, mais « elle allait partir ».

La Belgique, au moment même où nous la délivrâmes, au moment où pour elle nous rompîmes avec l’Angleterre, devint, contre nous, un foyer d’intrigues fanatiques, une seconde Vendée, moins guerrière, mais tracassière et disputeuse, alléguant contre la liberté les droits de la liberté même.

Distinguons toutefois ; n’accusons pas en masse ce peuple frère, où la France eut tant de vrais amis.

Quels étaient les vrais Belges ? Ceux qui voulaient la vie de la Belgique, qu’elle respirât librement, par l’Escaut, par Ostende et la mer. C’est là la pierre de touche entre la vraie et la fausse Belgique. Ceux qui voulaient maintenir le pays étouffé et captif n’étaient pas les fils du pays.

Quels étaient les vrais Belges ? Ceux qui voulaient la vie de la Belgique, la tirer des mains fainéantes des moines et la restituer aux mains industrieuses, artistes, qui firent sa gloire et la feraient encore.

Quels étaient les vrais Belges ? Ceux qui abjuraient sincèrement, de cœur, le vieux péché des Pays-Bas, la tyrannie des villes, ceux qui voulaient la liberté aussi pour les campagnes, ceux qui ne mettaient pas la patrie dans la confrérie et la corporation.

Ce sont ceux-là qui appelaient la France.

Mais il se trouvait que ceux-là, justement parce qu’ils ne faisaient pas corps, n’étaient pas enrégimentés dans les confréries et les clientèles, étaient