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d’abord, ni la médiation qu’il sollicita (avril 1792), lorsque la guerre fut déclarée. L’Angleterre craignait tant de donner avantage à la Russie et à la Prusse que d’abord elle se dit neutre, refusa son aide à la Prusse, comme on a vu, la laissa là embourbée en Champagne, sans lui donner la main (septembre 1792). Et quand la Prusse eut fait volte-face vers l’Orient, envahi la Pologne, ce fut alors l’Angleterre tremblante et repentante, sous le coup de Jemmapes, qui pria l’Autriche et la Prusse de ne pas laisser sans défense sa chère Hollande, qui était elle-même, les ports de la Hollande et la mer de Belgique, ce court chemin d’Anvers à Londres.

L’Angleterre, « ce champion, ce chevalier des libertés du monde », pour dire comme Madame de Staël, appuyée sur ses flottes et sur ses ballots de coton, regardait sur le continent avec quoi elle combattrait, où elle trouverait l’épée et le poignard. L’épée, ce fut l’Allemagne, pauvre et militaire, tendant toujours la main à l’or anglais. Le poignard fut le vieux catholicisme, prêtres et moines, arme rouillée, mais excellente pour frapper par derrière. Les Anglais, pour s’en préserver, ont fait plusieurs révolutions ; ils les pendaient chez eux et les voulaient chez nous.

Les îles anglaises de Jersey et Guernesey, placées comme une épine au fond des baies françaises, étaient peuplées de prêtres bretons, angevins, vendéens ; c’était tout à la fois un concile et un quartier général ; les Anglais avaient sous la main le vrai centre de la conspiration royaliste. De là ils