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elle tenait toujours des pistolets sous l’oreiller.

Ce qui releva les courages dans l’Assemblée nationale, non moins que la lettre de Roland, ce fut de voir un individu isolé venir dire à l’Assemblée que, pour sa part, il la remerciait du décret qu’elle avait porté. Et, en même temps, il dit ce qu’il venait d’entendre : qu’on engageait la foule à piller les fabricants : « Moi, je ne suis pas suspect, dit-il, je suis volontaire et je pars demain. » C’était un de ces canonniers des sections parisiennes qui s’étaient montrés si bien le 10 août. Son opinion était certainement celle de Paris, et il n’y avait nul doute qu’elle ne fût celle de l’armée.

La réaction de l’humanité semblait devoir se faire sentir partout, même au sein de la Commune. Le conseil général, assemblé le soir et la nuit, flottait, avec des alternatives brusques, violentes, de l’humanité à la cruauté, de Manuel à Marat

Le premier sembla l’emporter un moment. Il obtint une mesure générale qui semblait un désaveu du massacre. Le conseil général, sur sa proposition, arrêta qu’il serait fait une proclamation « sur la nécessité de s’en remettre à la loi de la punition des coupables ». Ce qui ne fut pas moins grave en ce sens, c’est qu’un citoyen ayant dit qu’il se chargeait de loger et nourrir un pauvre prisonnier échappé au carnage de la Force, il fut couvert d’applaudissements et de bénédictions.

Avec cela, cette Assemblée était tellement flottante qu’un journaliste royaliste, Duplain, lui ayant