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L’Assemblée ne fit point ce que demandaient les ministres Roland et Servan ; elle n’agit point elle-même, n’appela point la garde nationale, mais, constitutionnellement, agit par la Commune, par le commandant Santerre. Or c’était ne point agir.

Elle ne voyait que deux ministres, les deux Girondins ; elle ne voyait point Danton ; toujours absent de la Commune, il l’était de l’Assemblée. Celle-ci craignit sans doute de créer une division dans le pouvoir exécutif ; elle se contenta de déclarer la Commune et le commandant responsables de ce qui se ferait ; elle leur ordonna, ainsi qu’aux présidents des sections de Paris, de venir jurer à la barre qu’ils pourvoiraient à la sûreté publique.

Vaine mesure, timide, insuffisante ! Un serment, des paroles ! À quoi le ministre Roland ajouta d’autres paroles, une longue lettre que sans doute sa femme avait écrite et qu’il fit lire à l’Assemblée. Elle était plus courageuse qu’habile ; elle menaçait Paris. Dans ce moment où la défense demandait la plus forte unité, où il fallait éviter tout ce qui ébranlait la foi dans cette unité, elle parlait de séparation. Elle disait que déjà, sans le 10 août, « le Midi, plein de feu, d’énergie, de courage, était prêt à se séparer pour assurer son indépendance ; et que s’il n’y avait point de liberté à Paris, les sages et les timides se réuniraient pour établir ailleurs le siège de la Convention ». La lettre ne portait que trop l’empreinte des conversations de Barbaroux et de Madame Roland. Il y avait impru-