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qu’il s’obstinait à ignorer que la Commune l’invitât à se rendre dans son sein ; il gardait une position expectante, équivoque, entre la Commune et l’Assemblée. Robespierre, le 2 septembre, renouvelant dans le conseil général ses accusations de la veille et les précisant, dit qu’il y avait une grande conspiration pour donner le trône au duc de Brunswick. Billaud-Varennes appuya. Le conseil général applaudit. Tout le monde comprit que les conspirateurs étaient les ministres eux-mêmes, que le pouvoir exécutif voulait livrer la France. Le bruit s’en répandit dans Paris à l’instant. On dit, on répéta, on crut que la Commune déclarait le pouvoir exécutif déchu de la confiance nationale. Le peu de pouvoir moral que conservait le ministère fut anéanti.

Une section (l’île Saint-Louis) eut néanmoins le courage de s’informer exactement de ce qu’il en fallait croire. Soit par un mouvement spontané, soit qu’elle y fût poussée par les ministres, elle envoya demander à l’Assemblée s’il était bien sûr que la Commune en eût décidé ainsi. L’Assemblée répondit négativement, et cette négation n’eut aucun effet sur l’opinion. Les ministres restèrent brisés.

Il semble pourtant qu’au soir ils aient essayé de reprendre force ; ils firent agir Pétion. L’inerte, l’immobile maire de Paris reprit tout à coup mou-

    surveillance pour l’empêcher de lancer un mandat d’amener contre Roland ; elle suppose qu’il vit ensuite Pétion, etc. Tout cela eut lieu le 4, lorsque déjà la réaction commençait, et Pétion, à qui Danton vint se vanter, sourit de cette intervention tardive ; il n’eût pas souri le 2, à coup sûr.