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charge sur les ennemis de la patrie. (Applaudissements.) Pour les vaincre, Messieurs, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée. »

L’Assemblée ne vit en Danton que l’homme de la Commune, et elle se garda bien de lui donner le pouvoir. S’il l’eût été véritablement, comme le croyait l’Assemblée, il se fût rendu à l’Hôtel de Ville, où on l’attendait ; il alla au Champ de Mars. Une grande foule le suivait. Là, dans cette plaine immense, sous le ciel, parlant à toute une armée, il prêcha la croisade, comme aurait fait Pierre l’Ermite ou saint Bernard. Le canon tonnait au loin, le tocsin sonnait, et la voix puissante de Danton, qui dominait tout, semblait celle de la cité frémissante, celle de la France elle-même.

Le temps passait, il était plus de deux heures.

En sortant du Champ de Mars, Danton n’alla pas davantage à la Commune. Il rentra chez lui. Alla-t-il au conseil des ministres ? La chose est controversée. Visiblement il attendait que le danger forçât l’Assemblée à donner la dictature au ministère, au ministre populaire qui seul pouvait l’exercer. Il eût mieux aimé la tenir de l’Assemblée nationale, reconnue de la France entière ; il hésitait à recevoir de la Commune de Paris un tiers de dictature en commun avec Robespierre et Marat.

Le conseil général de la Commune, ayant, comme on a vu, de bonne heure voté la proclamation, le canon et le tocsin (qui se firent entendre à deux