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sous les remparts de cette cité ne sont-ils pas plus avancés ? Où sont les bêches, les pioches et tous les instruments qui ont élevé l’autel de la Fédération et nivelé le Champ de Mars ?… Vous avez manifesté une grande ardeur pour les fêtes ; sans doute vous n’en aurez pas moins pour les combats. Vous avez chanté, célébré la liberté ; il faut la défendre. Nous n’avons plus à renverser des rois de bronze, mais des rois environnés d’armées puissantes. Je demande que la Commune de Paris concerte avec le pouvoir exécutif les mesures qu’elle est dans l’intention de prendre. Je demande aussi que l’Assemblée nationale, qui dans ce moment-ci est plutôt un grand comité militaire qu’un corps législatif, envoie à l’instant, et chaque jour, douze commissaires au camp, non pour exhorter par de vains discours les citoyens à travailler, mais pour piocher eux-mêmes ; car il n’est plus temps de discourir, il faut piocher la fosse de nos ennemis ; ou chaque pas qu’ils font en avant pioche la nôtre. »

Ce discours, si hardi dans la circonstance, fut applaudi, non seulement de l’Assemblée, mais des tribunes, de cette population même dont il gourmandait sévèrement l’inaction.

Le grand orateur, on le voyait, voulait au torrent populaire qui tournait si terriblement sur lui-même donner un cours régulier, l’entraîner hors Paris à la suite des envoyés de l’Assemblée, perdre dans l’élan militaire la panique et la terreur.

Il entendait subordonner la Commune aux minis-