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des provinces ; en se déclarant précipitamment, on pouvait se mettre en contradiction avec elles et se trouver seul.

Les adresses de ces sociétés devaient influer puissamment sur la société de Paris ; elles devaient fortifier ou l’une ou l’autre fraction de celle-ci, la royaliste constitutionnelle, composée surtout de députés de l’Assemblée actuelle, ou la fraction indépendante, composée, on pouvait le croire, des membres de la future Assemblée.

La première fraction régnait jusque-là. Le 22 juin, le Cordelier Robert, racontant naïvement aux Jacobins « qu’il a porté une adresse pour la destruction de la monarchie… » Indignation, imprécations : « Nous sommes les Amis de la constitution… C’est une scélératesse », etc.

Le 8 juillet, comme on verra, la société semble changée, la fraction indépendante a gagné l’avantage ; elle fait accueillir la proposition de destituer le roi. Qui a pu, en si peu de temps, faire ce changement singulier ? Les adresses surtout des sociétés de province, presque toutes contraires à la monarchie.

Et que firent dans l’intervalle Danton, Robespierre ? Ils se ménagèrent. Le plus curieux, c’est Danton, parlant toujours haut et ferme, mais prudent dans l’audace même. Sa voix terrible faisait une étrange illusion, il semblait toujours affirmer. À peine hasarda-t-il un mot pour le Cordelier Robert. Dans son avis sur le roi, il employait, pour le sauver, un moyen