Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/569

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’avait ou s’il ne l’avait pas. Il a affirmé lui-même, et il est très vraisemblable que, plusieurs jours auparavant, il avait tiré du maire une telle quelle autorisation ; les circonstances n’étant nullement favorables à l’insurrection, l’autorisation alors était de peu de conséquence. Au 10 août, cette autorisation surannée ne pouvait servir ; Mandat y suppléa par une réquisition au département de Paris.

Pendant la journée du 9, on avait coupé la galerie du Louvre pour interdire de ce côté l’entrée du château. On avait fait entrer très publiquement, par les cours, d’épais madriers de chêne, pour obstruer, blinder les fenêtres, sauf les jours qu’on réservait pour foudroyer l’ennemi.

Dès minuit, le tocsin sonna aux Cordeliers où étaient Danton et les Marseillais, puis dans tout Paris. Mais l’effet en fut petit ; les faubourgs s’ébranlèrent lentement, difficilement ; le vendredi n’est pas un jour favorable. Les meneurs disaient eux-mêmes, en langage significatif : « que le tocsin ne rendait pas ».

Pétion avait été mandé aux Tuileries, sous un prétexte, et il n’osa refuser. Une tête si chère au peuple, étant retenue comme otage, était bien des chances à l’insurrection.

Santerre, dit-on, trouvait tout cela de mauvais signe et ne voulait pas marcher. Marcher sans le fameux brasseur, c’est ce que le faubourg ne faisait pas aisément. Aussi se fit-il attendre à peu près une heure. Il laissa aller devant l’avant-garde des ardents,