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ront jamais toucher au foyer des conspirations, qui est aux marches du trône. Envoyez-moi à l’Abbaye, si vous voulez, mais déclarez que vous êtes incapables de sauver la patrie. »

C’était la pensée même de Paris. Les quarante-huit sections s’assemblèrent dans la soirée. Elles nommèrent des commissaires pour remplacer le conseil général de la Commune et les investirent de pouvoirs illimités, absolus, pour sauver la chose publique. L’ancien conseil siégeait à l’Hôtel de Ville ; les membres du nouveau, envoyés par les sections, s’y joignirent dans la nuit, à mesure qu’ils étaient nommés, et le remplacèrent au jour.

La cour ne pouvait l’ignorer. Mais elle se croyait très forte. D’abord elle venait d’avoir, par le vote en faveur de La Fayette, la majorité dans l’Assemblée, quatre cents voix contre deux cents. Elle n’avait pas à craindre d’être frappée par l’arme des lois. L’attente des armées étrangères et la presque certitude que la France serait écrasée avaient étonnamment réchauffé le zèle de ses partisans. Jamais, dit un contemporain, la cour n’avait été plus nombreuse, plus brillante peut-être, que dans les jours qui précédèrent immédiatement le 10 août. Les Suisses et les gentilshommes dont elle était entourée lui assuraient un noyau très sûr de force militaire, auquel le commandant général de la garde nationale, très royaliste, Mandat, pouvait joindre à volonté ses bataillons les plus zélés. Légalement, il ne pouvait agir que par l’autorisation du maire. On a beaucoup discuté s’il