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rait une vengeance à jamais mémorable, en livrant Paris à une exécution militaire et une subversion totale », etc.

Ce manifeste du 26 fut (chose bizarre !) le 28 connu à Paris ; on eût dit qu’il venait des Tuileries et non de Coblentz. Il tomba comme sur la poudre tombe une étincelle. La section de Mauconseil sortit du vague terrain constitutionnel, déclara : 1o qu’il était impossible de sauver la liberté par la constitution ; 2o qu’elle abjurait son serment et ne reconnaissait plus Louis pour roi ; 3o que, le dimanche 5 août, elle se transporterait à l’Assemblée et lui demanderait si elle voulait enfin sauver la patrie, se réservant, sur la réponse, de prendre telle détermination ultérieure qu’il appartiendrait, et jurant de s’ensevelir, s’il le fallait, sous les ruines de la liberté.

Cette déclaration fut signée de six cents noms, entièrement inconnus.

Jamais insurrection ne fut plus clairement, plus nettement annoncée. Ceux qui, après la victoire, la réclamèrent comme leur et comme préparée par eux furent bien obligés, pour faire croire qu’ils avaient tout fait, de supposer des mystères dans l’ombre desquels ils auraient agi. Tout indique, quoi qu’ils aient dit, que ces petits mystères ne firent rien ou pas grand’chose. Ce fut une conspiration immense, universelle, nationale, menée à grand bruit sur la place, en plein soleil. Un de ceux qui tâchèrent après de se donner l’honneur de la chose avait bien mieux dit avant : « Nous