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défendre ; que la section du Théâtre-Français les appelle à elle », etc. L’arrêté est signé de Danton et des secrétaires Momoro et Chaumette.

Ainsi, à ce moment suprême, la fameuse section des Cordeliers et Danton lui-même s’efforçaient de retenir encore sur l’insurrection un manteau de légalité ; ils attestaient la constitution, au moment où le salut de la France obligeait de la briser.

La France fut sauvée par la France, par des masses inconnues.

L’impulsion fut donnée par l’étranger même, par ses menaces insolentes. Nous lui devons ce magnifique élan de colère nationale, d’où sortit la délivrance.

Le 26 juillet partit de Coblentz le manifeste, outrageusement impérieux, du général de la coalition, du duc de Brunswick. Ce prince, homme judicieux, le trouvait lui-même absurde ; mais les rois lui imposèrent cette œuvre insensée de l’émigration. On y annonçait une guerre étrange, nouvelle, toute contraire au droit des nations policées. Tout Français était coupable ; toute ville ou village qui résisterait devrait être démoli, brûlé. Quant à la Ville de Paris, elle devait redouter des sévérités terribles : « Leurs Majestés rendant responsables de tous les événements sur leur tête, pour être jugés militairement, sans espoir de pardon, tous les membres de l’Assemblée, du département, du district, de la municipalité, les juges de paix, les gardes nationaux et tous autres… S’il était fait la moindre violence au roi, on en tire-