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d’autres pays, d’autres temps, eût illustré un empire. En France, il y en a tout un peuple. Je les nommerai sans ordre et j’en omettrai encore plus : Kellermann, Joubert, Jourdan, Ney, Augereau, Oudinot, Victor, Lefebvre, Mortier, Gouvion-Saint-Cyr, Moncey, Davout, Macdonald, Clarke, Sérurier, Pérignon, etc. Tels furent les officiers, les maîtres et les instructeurs des légions de 1792.

Grands maîtres, qui enseignaient d’exemple. Il ne faudrait pas croire néanmoins que ces rudes et vaillants soldats, comme beaucoup de ceux-ci, les Augereau, les Lefebvre, représentassent l’esprit, le grand souffle du moment sacré. Ah ! ce qui le rendait sublime, c’est qu’à proprement parler ce moment n’était pas militaire. Il fut héroïque. Par-dessus l’élan de la guerre, sa fureur et sa violence, planait toujours la grande pensée, vraiment sainte, de la Révolution, l’affranchissement du monde.

En récompense, il fut donné à la grande âme de la France en ce moment désintéressé et sacré, de trouver un chant, — un chant qui, répété de proche en proche, a gagné toute la terre. Cela est divin et rare d’ajouter un chant éternel à la voix des nations.

Il fut trouvé à Strasbourg, à deux pas de l’ennemi. Le nom que lui donna l’auteur est le Chant de l’armée du Rhin. Trouvé en mars ou avril, au premier moment de la guerre, il ne lui fallut pas deux mois pour pénétrer toute la France. Il alla frapper au fond du Midi, comme par un violent écho, et Marseille répondit au Rhin. Sublime destinée de ce chant ! il est