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son canon, au haut du grand escalier. Là des officiers municipaux en écharpe demandent aux envahisseurs ce qu’ils comptent faire de cette artillerie. Croient-ils, par une telle violence, obtenir quelque chose du roi ? — Cette observation les frappe : « C’est vrai, disent-ils la plupart, c’est vrai ; nous avons eu tort ; nous en sommes vraiment fâchés. » Et ils retournèrent la pièce, voulant la descendre. Malheureusement voilà l’essieu accroché dans une porte. On ne peut plus avancer ni reculer. Le municipal bancroche, le petit Mouchet, s’entremet, donne des ordres. Les sapeurs taillent, coupent le chambranle de la porte, dégagent la pièce, qui est descendue. Telle était la confusion que ceux d’en bas qui n’avaient pas vu monter le canon croyaient qu’on l’avait trouvé dans les appartements et criaient qu’on avait voulu mitrailler le peuple.

La colonne pénètre sans obstacle jusqu’à l’Œil-de-Bœuf, qui était fermé. Il fallait l’ouvrir en hâte, plutôt que de le laisser forcer. Un officier supérieur de la garde nationale pénétra par une autre entrée, avertit la famille royale, pria le roi de se montrer. Le roi y consentit sans peine et se présenta. Sa sœur, Madame Élisabeth, ne voulut point le quitter.

Au moment où cette foule armée remplit tout l’appartement, le roi s’écria : « À moi, quatre grenadiers ! » Il y en avait heureusement quelques-uns, qui, du dedans, avaient pénétré. C’étaient des gardes nationaux, des marchands du quartier Saint-Denis, bonnes gens qui se montrèrent très bien. Ils se