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fort pour vaincre ? On ne sait, mais, à coup sûr, assez fort pour commencer sur toute la France une effroyable guerre civile.

Les premières mesures à prendre eussent été terribles. La suspension du droit de réunion, la suppression des clubs, sans l’aveu de l’Assemblée, sur l’ordre d’une autorité inférieure ; — la compression de l’Assemblée par une force militaire, par l’insurrection d’une armée.

La tentative n’était pas impossible, à y bien regarder ; seulement elle eût demandé une décision très vive, un acte fort et d’ensemble. La grande force militaire de Paris, les soixante mille baïonnettes de la garde nationale, était extrêmement divisée, une bonne moitié inerte ; même dans la partie active, il y avait beaucoup d’irrésolution. Cela étant, la cour avait certainement la force, ayant les cinq ou six mille batailleurs, bretteurs, gentilshommes, de la garde constitutionnelle, qu’elle n’avait pas réellement licenciée, et d’autre part la garde suisse, troupe d’élite et dévouée, composée de trois bataillons de seize cents hommes chacun. C’était peu pour contenir Paris, assez pour un coup de terreur, pour s’emparer par exemple au même jour, à la même heure, des canons des sections, fermer les Jacobins, enlever tous les meneurs, rallier tout ce qu’il y avait de royalistes dans la garde nationale, recevoir dans Paris la cavalerie de La Fayette, qui, en trois jours, viendrait des Ardennes, à marches forcées.