Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/452

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Jacobins contre Robespierre, fut décidément écrasé par lui.

Une paix fort équivoque avait été ménagée entre eux par l’intermédiaire de Pétion. Robespierre, le soir du 30, croyant les Girondins à bas par l’effet de la grande nouvelle, les attaque avec une fureur, une clameur, une gesticulation qui ne lui étaient pas naturelles. Il prétendit qu’ils avaient, dans leurs journaux, falsifié le compte-rendu des derniers débats terminés par la pacification. Il leur reprocha surtout d’avoir dit que Marat le proposait pour tribun. En réalité, Marat n’avait rien dit de tel. Seulement, dans tel numéro, il demandait un tribun ; dans tel autre, il louait Robespierre et montrait en lui le plus digne (après lui-même sans doute). Les Girondins en tiraient la conclusion que tout le monde y voyait : que Marat désignait implicitement pour tribun ou Robespierre ou Marat.

Les tribunes, fortement chauffées, ce soir-là pleines de femmes fanatiques, pesaient sur les Jacobins, intervenaient par moments avec des cris passionnés. Des Cordeliers très ardents, Legendre, Merlin, Fréron, Tallien, étaient venus pour entraîner la masse des indécis. Brissot et Guadet, à cette heure, ne pouvaient quitter l’Assemblée. Le Girondin Lasource, qui présidait les Jacobins, fut obligé aussi, pour aller à l’Assemblée, de céder le fauteuil à Dufourny, un homme de Robespierre. Sous l’influence d’un concours si heureux de circons-