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excès de la Révolution, excès probables si l’on contenait fermée dans sa cuve cette vendange écumante qui cherchait à s’échapper.

Les princes, pour arrêter la France, essayaient et de l’intimidation et des mesures conciliantes. L’empereur avait déclaré que l’Électeur de Trêves, alarmé, lui demandait secours, et qu’il lui envoyait le général Bender, celui qui avait étouffé la révolution des Pays-Bas. D’autre part, l’Électeur offrait toute satisfaction, éloignant les émigrés et menaçant de la peine la plus grave, des travaux forcés, ceux qui recruteraient pour eux ou leur fourniraient des munitions (6 janvier 1792).

Néanmoins le 14 janvier, le comité diplomatique, par l’organe de Gensonné, conclut à ce que le roi demandât à l’Empereur de déclarer nettement, avant le 11 février, s’il était pour ou contre nous ; son silence serait considéré comme première hostilité.

La cour, effrayée de voir poser si nettement la question de la guerre, fit dire immédiatement qu’elle recevait de Trêves l’assurance positive que la dispersion des émigrés avait eu lieu en effet. Elle fit savoir aussi que l’Empereur avait donné des ordres en ce sens au cardinal de Rohan, qui, de Kehl, inquiétait Strasbourg.

Tantôt, pour ralentir et faire réfléchir l’Assemblée, on venait lui dire que la frontière était menacée par les Espagnols, et qu’en marchant vers le Rhin on allait les avoir à dos. Tantôt un Feuillant (Ramond) faisait remarquer combien peu on devait se fier aux