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même ? que le lion, n’ayant pas carrière, ne devînt furieux contre lui et ne se mit lui-même en pièces ? — Et c’est ce qui arriva. Ce délai fatal changea la croisade en guerre défensive, atroce et désespérée. Il nous valut Septembre, le changement universel de l’Europe contre nous, la haine et l’horreur du monde.

Bien tard, le 10 février, pressé tous les jours de sortir de ses déclamations négatives, de son panégyrique éternel de la défiance, Robespierre se hasarda (plus qu’il n’avait jamais fait) à indiquer quelques moyens pratiques. Ils sont curieux. Je les reproduis, dans leur naïve insignifiance. Le premier, c’est une fédération, sans idole, cette fois, La Fayette. Le deuxième, c’est la vigilance : tenir les sections en permanence, rappeler les Gardes-françaises dispersés, transporter la haute cour d’Orléans à Paris, punir les traîtres. Le troisième, propager l’esprit public par l’éducation. Le quatrième, faire des décrets avantageux au peuple, détourner « pour l’humanité épuisée et haletante » quelque parcelle des trésors absorbés par la cour, etc. — Voilà la recette, vague et faible, à coup sûr, et qui n’en fut pas moins violemment applaudie, admirée des Jacobins.

Une chose était évidente. L’Europe, en présence du Rhin frémissant, des Pays-Bas à peine contenus, de Liège, de la Savoie, du pays de Vaud qui s’élançaient vers la France, l’Europe, en ce moment, voulait ajourner la guerre, prendre un temps plus favorable. L’occasion pouvait lui être donnée par les