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certaine. Et quand nous ne le saurions pas, l’effort ne serait pas grand pour en faire la conjecture, quand on voit la désorganisation croissante où elle laissait l’armée, non le personnel seulement qui était indiscipliné, mais le matériel même pour lequel l’Assemblée votait toujours en vain des fonds. On a vu comment, sous l’influence de la cour, la Constituante réduisit ses trois cent mille volontaires à moins de cent mille, dont le ministre déclara ne pouvoir armer que quarante-cinq mille, lesquels ne furent pas armés.

Ces faits étaient connus, palpables. Et cependant un témoin fort attentif, Robespierre, semble ne les avoir pas vus ; encore moins la presse et les clubs, qui le suivirent en ceci. Tous, sur sa trace, se lancèrent à l’envi dans le champ des conjectures, des vagues accusations, sans daigner relever les faits qui se trouvaient sous leurs pieds.

Robespierre partait d’un point de départ excellent et judicieux ; mais son imagination, sombre et systématique dans les déductions de la haine, en tirait un vaste ensemble de conjectures erronées.

Le point de départ très vrai, c’est que Narbonne et sa muse, les Feuillants, etc., ne pouvaient inspirer confiance, ni comme caractère ni comme parti, qu’il était très hasardeux de commettre à de telles mains la guerre de la liberté.

Robespierre n’en savait pas plus. Voici ce qu’il y ajoutait de conjectural :

« Il est bien vraisemblable qu’il y a un accord