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Ces menaces, surprises par les meneurs d’Avignon, les rendaient d’autant plus furieux qu’elles n’étaient que trop vraisemblables. Le parti français, réduit à un petit nombre[1], à ses soldats licenciés qui restaient pour se faire payer, était assis sur un volcan. Ce n’était pas seulement Mulot et les royalistes constitutionnels qu’il avait à craindre, mais bien les papistes. Les premiers, sans trop s’entendre avec les seconds, leur rendaient pourtant le service d’empêcher les patriotes des départements voisins de venir à leur secours. Les prêtres, enhardis de se retrouver peu à peu à la tête d’un grand peuple, commençaient à conter ou faire des miracles. Ils contèrent d’abord ceci : un patriote, enlevant d’une église un ange d’argent, lui cassa le bras ; sa femme peu après accouche d’un enfant sans bras. Les esprits ainsi préparés, on fit jouer le grand ressort.

La Vierge, depuis 1789, se montrait fort aristocrate. Dès 1790, elle s’était mise à pleurer, dans une église de la rue du Bac. Vers la fin de 1791, elle commença d’apparaître derrière un vieux chêne, au fond du Bocage vendéen. Tout juste à la même époque, elle

  1. Et c’est ce qui prouve invinciblement que Duprat et autres chefs du parti violent ne furent point les auteurs du meurtre de Lescuyer, comme les meurtriers papistes les en accusent effrontément, leur renvoyant leur propre crime. Jouer un tel jeu, dans l’état de faiblesse extrême où se trouvait le parti français (qui ne put, on va le voir, réunir au moment du danger que trois cent cinquante hommes dans une ville de trente mille âmes), risquer, dis-je, une telle chose, c’était courir volontairement une chance presque infaillible de mort. Cette histoire a toujours été arrangée par les ennemis du parti français, comme Commin, Soullier, etc. M. André lui-même, qui affecte souvent les dehors de l’impartialité, adopte et copie, les yeux fermés, les traditions mensongères de la contre-révolution.