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les nouveaux venus, non seulement sur l’ordonnateur, mais sur les exécuteurs, je veux dire sur les officiers, plus ou moins aristocrates, qui amenaient les troupes françaises. Une municipalité royaliste fut constituée sous cette influence.

Le point capital de la situation était de savoir si, dans l’extrême pénurie où se trouvait la ville, abandonnée de tous les gens riches, on toucherait aux biens ecclésiastiques. Les médiateurs licenciaient l’armée de Vaucluse, mais il fallait la payer. Ce licenciement, brusque, immédiat, ressemblait à l’ingratitude ; brigands ou non, ces gens-là avaient combattu pour la France. On les renvoyait dispersés chez eux, et presque partout ils étaient reçus à coups de fusil. Faute de solde, il leur avait bien fallu vivre de pillages, de violences ; voilà qu’on leur demandait compte. Les vengeances exercées sur eux furent atroces ; elles ont été obscures : on ne sait pas le nombre des morts. Ce qui porte à le croire très grand, c’est que, dans un seul village, il y eut onze hommes de tués. La garde nationale d’Aix fut si indignée de voir égorger impunément les alliés de la France qu’elle vint en masse à ce village, exhuma les corps et força les aristocrates de leur demander pardon à genoux.

Ces gens, repoussés de partout, refluèrent dans Avignon. Lescuyer, Duprat, se retrouvèrent maîtres. La municipalité leur refusait le payement des troupes, qui ne pouvait s’opérer que par la vente des ornements d’église, des cloches, des biens