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puissance défunte qui lui arrache encore cette cérémonie peu sincère.

Le roi débuta avec l’Assemblée par une étrange maladresse. Quand on alla lui demander l’heure où il recevrait la députation, il ne répondit pas lui-même, mais par un ministre ; il fit dire qu’il ne recevrait pas de suite, mais à trois heures. À la députation il dit qu’il n’irait pas de suite à l’Assemblée, mais qu’il attendrait trois jours. L’Assemblée crut voir dans ces retards affectés une insolente tentative de la cour pour constater la supériorité de celui des deux pouvoirs qui ferait attendre l’autre. Plusieurs députés, entre autres Couthon, demandèrent et firent décréter que l’on supprimerait le titre de Majesté ; qu’on s’en tiendrait au titre de Roi des Français ; qu’à l’entrée du roi on se lèverait, mais qu’ensuite on pourrait s’asseoir et se couvrir ; enfin, qu’au bureau il y aurait sur la même ligne deux fauteuils semblables, et que celui du roi serait à la gauche du président. C’était supprimer le trône et subordonner le roi.

Le ciel eût tombé sur la terre que les constitutionnels n’auraient pas été plus frappés qu’ils ne le furent par cette suppression du trône. Ils étaient devenus des gardiens plus inquiets de la royauté que les royalistes eux-mêmes.

Les banquiers, non moins effrayés, traduisirent leurs craintes par une baisse énorme de fonds. C’était du quartier de la Banque, du bataillon des