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qui les jeta dans bien des fautes, et les diminuerait beaucoup dans l’histoire, s’ils ne se relevaient majestueux des grandes ombres de la mort.

Si l’on veut mesurer l’intervalle entre la nouvelle Assemblée et l’ancienne, qu’on observe une seule chose : ici, plus de côté droit. La droite aristocratique a disparu tout entière. L’Assemblée semble d’accord contre l’aristocratie ; elle arrive spécialement animée contre les nobles et les prêtres, son mandat est précisément d’annuler leurs résistances. Quant au roi, on va le voir, elle est encore flottante, peu sympathique, il est vrai, pour le roi des prêtres et des nobles, irritable à son égard, sans avoir contre lui de plan déterminé de guerre. Au reste, la royauté, même avant d’être attaquée, a baissé encore depuis la Constituante. Les seuls défenseurs qu’ait le roi dans l’Assemblée législative l’appellent habituellement le Pouvoir exécutif, oubliant eux-mêmes la part qu’il a au pouvoir législatif, avouant tacitement que l’Assemblée, seul représentant du peuple souverain, a seule aussi le droit de faire les lois auxquelles obéira le peuple.

Le premier coup d’œil de l’Assemblée sur la salle où elle entrait ne lui fut point agréable. On avait d’avance, et sans attendre qu’elle eût un avis là-dessus, réservé deux grandes tribunes où devaient siéger seuls les députés sortants de la Constituante. On remarqua amèrement qu’ils semblaient une chambre haute, pour dominer l’Assemblée. On se demanda quel était ce comité censorial