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de cette assemblée nouvelle. Elle apparut comme un bataillon uniforme d’hommes presque de même âge, de même classe, de même langue et de même habit. C’était comme l’invasion d’une génération entièrement jeune et sans vieillards, l’avènement de la jeunesse, qui, bruyante, allait chasser l’âge mûr, détrôner la tradition. Plus de cheveux blancs ; une France nouvelle siège ici en cheveux noirs.

Sauf Condorcet, Brissot, quelques autres, ils sont inconnus. Où sont ces grandes lumières de la Constituante, ces figures historiques qui se sont associées pour toujours dans la mémoire des hommes au premier souvenir de la liberté ? Les Mirabeau ? les Sieyès ? les Duport ? les Robespierre ? les Cazalès ? Leurs places, bien connues, ont beau être remplies maintenant ; elles n’en semblent pas moins vides. Nous n’essayerons pas, pour leurs successeurs, de les caractériser d’avance, comme individus. Leur air impatient, inquiet, la difficulté qu’ils ont de tenir en place, nous répondent qu’ils ne tarderont pas à se révéler par leurs actes. Qu’il suffise, pour le moment, de montrer là-bas, en masse, la phalange serrée des avocats de la Gironde.

Un témoin fort respectable, nullement enthousiaste, Allemand de naissance, diplomate pendant cinquante ans, M. de Reinhart, nous a raconté qu’en septembre 1791 il était venu de Bordeaux à Paris par une voiture publique qui amenait les Girondins. C’étaient les Vergniaud, les Guadet, les Gensonné, les Ducos, les Fonfrède, etc., la fameuse