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demi-heure après, la reine me fit appeler. Elle faisait demander M. de Goguelat pour lui annoncer qu’il partirait, la nuit même, pour Vienne. Le roi venait d’écrire à l’Empereur. La reine ne voyait plus d’espoir dans l’intérieur, » etc.

Ce jour même (13 septembre) ou le lendemain, la reine revit Barnave pour la première fois depuis le retour de Varennes. Son courage fut un peu relevé. Elle replaça quelque espérance dans l’influence que les chefs de la Constituante auraient sur l’Assemblée nouvelle.

Qu’avait écrit Louis XVI à l’Empereur ? On peut le deviner sans peine : l’expression de son dépit, le récit de son humiliation, l’outrage fait à la royauté.

Ainsi, avant que ne partit la notification officielle où le roi annonçait son acceptation, partait la lettre personnelle qui en était le démenti. L’Europe était avertie de ce qu’elle devait penser de la comédie constitutionnelle ; dans l’acte même du contrat solennel entre le roi et le peuple, elle trouvait l’injure prétendue qui rendait le contrat nul. Il ne faut pas s’étonner si les puissances firent des réponses insolentes et dérisoires, ou du moins affectèrent de répondre personnellement à Louis XVI, nullement à la France.

Le roi s’adressait aux rois plus qu’aux émigrés. Il se fiait peu à ses frères. Il connaissait bien, surtout depuis l’affaire de Favras, l’ambition personnelle de Monsieur, les conseils qu’il recevait