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duplicité ordinaire aux princes, avait un fonds d’honnêteté qui l’empêchait de bien comprendre le plan, trop ingénieux, de détruire la Révolution par la Révolution même. La seule personne qu’il aimât, la reine, n’avait sur lui qu’une influence extérieure, superficielle en quelque sorte. De cœur, il appartenait aux prêtres, ainsi que Madame Élisabeth. On pouvait bien tirer de lui quelques mensonges politiques, quelques faux dehors, lui faire faire gauchement quelques pas dans l’imitation de la royauté constitutionnelle ; au fond, il était toujours le roi d’avant 1789. Il avait ses rapports directs avec l’émigration, avec les puissances. En 1790, il avait Flachslanden, à Turin, auprès du comte d’Artois. Jusqu’en 1791, Breteuil négociait pour lui avec l’Empereur et les autres princes. En juillet, quoiqu’il eût donné ses pouvoirs écrits à Monsieur, il ne s’en rapportait pas aux agents de Monsieur ; il tenait près du roi de Prusse, à côté de l’ambassadeur constitutionnel, son ministre à lui, le vicomte de Caraman. Ces agents, la plupart fort indiscrets, étaient connus de tout le monde, si bien qu’en 1790 M. de Ségur, nommé à l’ambassade de Vienne, déclara que M. de Breteuil ayant déjà dans ce poste la confiance personnelle du roi, il ne pouvait accepter.

Louis XVI n’avait nullement l’adresse que sa situation aurait demandée. Allemand et de la maison de Saxe par sa mère, il n’avait pas seulement l’obésité sanguine de cette maison, il tenait aussi de sa race de violentes échappées de brusquerie allemande ; sa