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tions élevées, nobles, clémentes, qui font rayonner dans les lois le doux génie de l’humanité.

Si l’Assemblée constituante était l’unique auteur des lois qu’elle a rédigées (malgré leurs défauts, leurs lacunes), ce ne serait pas une couronne que le genre humain lui devrait, mais un autel.

Ses lois, il faut le dire, ne sont pas à elle seule. En réalité, elle a eu moins d’initiative qu’il ne semble. Organe d’une révolution ajournée très longtemps, elle trouva les réformes mûres, les voies aplanies. Un monde d’équité, qui brûlait d’éclore, lui fut remis dans les mains par le grand dix-huitième siècle ; restait de lui donner forme. La mission de l’Assemblée était de traduire en lois, en formules impératives, tout ce que la philosophie venait d’écrire sous forme de raisonnement. Et celle-ci, la philosophie, sous quelle dictée avait-elle écrit elle-même ? Sous celle de la nature, sous celle du cœur de l’homme étouffé depuis mille ans. En sorte que l’Assemblée constituante eut ce bonheur, cet honneur insigne, de faire que la voix de l’humanité fût enfin écrite et devînt la loi du monde.

Elle ne fut pas indigne de ce rôle. Elle écrivit la sagesse de son époque, parfois elle la dépassa. Les légistes illustres qui rédigeaient pour elle furent, dans leur force logique, conduits à étendre par une déduction légitime la pensée philosophique du dix-huitième siècle ; ils ne furent pas seulement ses secrétaires et ses scribes, mais ses continuateurs. Oui, quand le genre humain dressera à ce siècle