Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/209

Cette page a été validée par deux contributeurs.

constitution arrêtée deux fois, que nous reste-t-il à faire que de reprendre ou nos fers ou nos armes ?… » Applaudissements violents des tribunes. La gauche s’agite et murmure. — « Monsieur le président, continue Robespierre, je vous prie de dire à M. Duport de ne pas m’insulter… » Il se trouvait justement que Duport n’avait rien dit, ses voisins en témoignèrent. Probablement Robespierre avait d’avance arrêté de le nommer, afin de faire tomber sur ce nom tout le poids de la diatribe qu’il balançait alors à la tribune, comme la pierre d’une fronde, au moment de la lancer.

« Je ne présume pas, dit-il, qu’il existe dans cette Assemblée un homme assez lâche pour transiger avec la cour sur un article de notre constitution… » — Et il regardait Duport ; les royalistes le regardent aussi, heureux et ravis. Quarante ans encore après, Montlosier tressaille de joie en contant cette fête d’opprobre dont jouit le côté droit, dans l’avilissement de Duport.

Il reprit : « Assez perfide pour faire proposer par la cour des changements nouveaux que la pudeur ne lui permettrait pas de proposer lui-même… » — Toute la salle, toutes les tribunes, portèrent d’un regard sur Duport ce mot de perfide, et tous applaudirent.

« Assez ennemi de la patrie pour décréditer la constitution, parce qu’elle bornerait sa cupidité… » — Nouveaux applaudissements.

« Assez impudent pour avouer qu’il n’a cherché