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Ceux-ci relevaient la tête. Leur attitude changea le 24. Les Feuillants apportant leur réponse aux Jacobins : « Ne lisons point, dit Robespierre, avant d’avoir déclaré que la véritable Société des Amis de la Constitution est celle qui siège ici. » Précaution d’autant plus sage que la réponse des Feuillants se trouva n’être rien autre chose qu’une nouvelle invitation de se soumettre au règlement aristocratique qu’ils venaient de se donner.

Loin de là, les Jacobins entreprirent d’épurer leur société et de rejeter aux Feuillants les timides et les incertains qui allaient, venaient d’une société à l’autre. La voix honnête et respectée de Pétion proposa l’épuration. Un comité primitif de douze membres (dont six députés) devait former le noyau de la société, composée de soixante membres, lesquels soixante épureraient, élimineraient, présenteraient les candidats purs et dignes. Cette combinaison, en réalité, remettait aux deux membres importants et influents, Pétion et Robespierre, le pouvoir quasi dictatorial de refaire les Jacobins. Je dis deux à tort : Pétion, insouciant, indolent de sa nature, était infiniment peu propre à ce travail d’inquisition sur les personnes, à l’examen minutieux des biographies, des précédents, des tendances, des intérêts de chacun. Le seul Robespierre était apte à cela, et avec lui peut-être un autre membre de ce comité épurateur, Royer, évêque de l’Ain. On peut dire, sans se tromper de beaucoup, que Robespierre reconstitua l’instrument terrible de la société jacobine dont il allait se servir.