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ans de fers pour quiconque aurait provoqué au meurtre, la prison et des poursuites contre ceux qui, par des écrits ou autrement, auraient provoqué la désobéissance aux lois. — Pétion montra que dès lors c’en était fait de la liberté de la presse. — Alors Regnault s’effaça, amoindrit sa proposition ; il demanda, l’Assemblée vota l’addition d’un mot au mot provoqué : Formellement provoqué. Ce simple mot ajouté donnait les moyens d’éluder la loi et la rendait impuissante.

Si l’Assemblée voulait obtenir un résultat sérieux, il fallait que le comité des recherches fût autorisé par elle et poussât lui-même l’enquête. Il s’abstint, fit renvoyer la chose aux tribunaux, qui agirent peu, tard et mal. Premièrement ils se gardèrent bien de sonder la part que les agents royalistes devaient avoir à l’affaire ; seulement ils décrétèrent deux journalistes, Suleau et Royou, l’ami du roi, frappant ainsi les écrivains, les parleurs, non les acteurs. Et quant aux républicains que les juges ne ménageaient pas, ils procédèrent cependant contre eux avec lenteur et gaucherie[1]. Ils attendirent au 20 juillet pour faire chercher Fréron, au 4 août pour saisir l’imprimerie de Marat, au 9 pour donner ordre d’arrêter Danton, Legendre, Santerre, Brune et Momoro.

Les Jacobins, qui n’avaient nullement prévu l’hé-

  1. D’où il résulta que la petite terreur des constitutionnels ne fut que ridicule. Le 18 juillet, Mme Robert, en grandes plumes, M. Robert, en habit bleu céleste, etc., traversaient Paris pour aller dîner chez Madame Roland.