Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.

signée de leur président, le boucher Legendre. Ils y déclaraient qu’ils avaient tous juré de poignarder les tyrans qui oseraient attaquer le territoire, la liberté ou la constitution.

Il semble, au reste, que les Cordeliers n’étaient pas bien d’accord sur les mesures à prendre dans cette crise. Le seul expédient que proposent dans leurs journaux Marat et Fréron, c’est précisément un tyran, un bon tyran, dictateur ou tribun militaire. « Il faut choisir, dit le premier, le citoyen qui a montré le plus de lumières, de zèle et de fidélité. » Cela était assez clair, pour quiconque connaissait l’homme ; Marat proposait Marat. Fréron n’ose indiquer personne ; seulement il trouve occasion de rappeler le nom de Danton, jusqu’ici fort secondaire, et veut qu’il soit maire de Paris.

Ni Pétion, ni Robespierre, ni Danton, ni Brissot, ne se prononcèrent sur la forme de gouvernement. Au premier mot de république, les Jacobins s’indignèrent. Robespierre exprimait leur pensée, lorsque, le 13 juillet, il disait encore : « Je ne suis ni républicain ni monarchiste. »

Le seul journal qui se décida tout d’abord pour la république, avec netteté et courage, ce fut la Bouche de fer[1]. Des deux rédacteurs, Fauchet,

  1. La Bouche de fer était ouverte rue du Théâtre-Français (Ancienne-Comédie et Odéon) et non rue Richelieu, comme nous l’avons dit par erreur au deuxième volume de la première édition. Les Cordeliers étaient à deux pas, rue de l’École-de-Médecine ; la principale société fraternelle d’ouvriers, qui dépendait des Cordeliers, se réunissait rue des Boucheries. Legendre, Danton, Marat, Camille Desmoulins, Fréron, demeuraient tout près. — Si je