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a adjoint un bataillon de garde soldée pour les surveiller.

Cette garde soldée est sa force. Vous la voyez presque entière, qui entre, bruyante et formidable, par le Gros-Caillou, au milieu du Champ de Mars, près du centre, près de l’autel, près du peuple… Gare au peuple !

Et avec la garde soldée entrent encore par le milieu nombre de gardes nationaux, les uns ardents Fayettistes (indignés qu’on ait tiré sur leur dieu), les autres furieux royalistes, qui viennent tout doucement verser le sang républicain sous le drapeau de La Fayette. Ce sont les officiers surtout de la garde nationale qui ont entendu l’appel ; plus d’officiers que de soldats ; tous ces officiers sont nobles, presque tous chevaliers de Saint-Louis. Un journal assure qu’à cette époque ces chevaliers sont douze mille à Paris. Ces militaires se faisaient nommer sans difficulté officiers de la garde nationale ; citons entre autres un Vendéen, ex-gouverneur de M. de Lescure ; Henri de La Rochejaquelein le fut bientôt de même dans la garde constitutionnelle du roi.

Les royalistes ardents, les plus impatients de frapper, ne savaient trop s’ils devaient suivre La Fayette, la garde soldée, ou bien se mettre dans le troisième corps, sous le drapeau rouge. Ce drapeau arrivait par le pont de bois (où est le pont d’Iéna), avec le maire de Paris. Il amenait une réserve de garde nationale, à laquelle s’étaient mêlés quelques dragons (arme connue pour son royalisme) et une bande assez ridi-