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Le mot écrits collectifs menaçait précisément la pétition des Jacobins. Robespierre sortit pour aller les avertir du péril et leur faire retirer la pétition du Champ de Mars. Leur salle était déserte ; à peine une trentaine de membres. Ces trente dépêchèrent Santerre et quelques autres.

Il n’y avait pas encore beaucoup de monde au Champ de Mars ; à l’autel, pas plus de deux cents personnes (Madame Roland, qui y était, le témoigne). Sur les glacis, vers le Gros-Caillou, des groupes épars, des hommes isolés, qui allaient et venaient. Ce petit nombre, perdu dans l’immensité du Champ de Mars, n’avait nul accord. Dès cette heure, s’y manifestaient trois opinions différentes. Les uns, c’étaient les Jacobins, disaient que l’Assemblée ayant décidé pour le roi, il fallait bien changer la pétition, que la société allait en faire une. Les autres, membres des Cordeliers, meneurs secondaires ravis d’agir dans l’absence de leurs chefs, insistaient pour rédiger sur la place même une pétition menaçante ; ceux-ci étaient des gens de lettres ou lettrés de divers étages, Robert et sa femme d’abord, un typographe, Brune (depuis général), un écrivain public, Hébert, Chaumette, élève en médecine, journaliste, etc.

Il y avait encore quelques autres Cordeliers, mais hommes de main, et qui ne s’amusaient pas à écrire, ils restaient sur les glacis, avec la populace du Gros-Caillou, irritée de ce que la justice se mêlait de réformer la justice sommaire qu’elle avait