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toujours au temps de la Fronde, chansonnaient leurs ennemis. Jusqu’à la fin de l’Assemblée constituante, leur verve fut intarissable. Chaque jour, enfermés chez les restaurateurs des Tuileries, du Palais-Royal, ils écrivaient, parmi les bouteilles, leurs fameux Actes des apôtres. L’affaire de Varennes, qui, parmi ses côtés tristes, en avait de fort ridicules, n’était pas propre à mettre les rieurs de leur côté. Ils furent trop heureux de l’éclipse des fameux meneurs populaires. La nuit même, on fit à Fontenay, à la grille de Danton, une sorte de charivari, accompagné de cris, de défis et de menaces.

Une plaisanterie fatale, et dont l’issue fut terrible, fut tentée au Champ de Mars. Quelque triste et honteux que soit le détail, il est trop essentiel à la peinture des mœurs de l’époque pour que l’histoire puisse s’en taire. La gravité n’est pas son premier devoir ; c’est d’abord la vérité.

L’émigration, la ruine de beaucoup qui n’émigraient pas, avaient mis sur le pavé une masse de valetaille, de gens attachés aux nobles, aux riches, à différents titres, agents de mode, de luxe, d’amusement, de libertinage. La première corporation, en ce genre, celle des perruquiers, était comme anéantie. Elle avait fleuri plus d’un siècle, par la bizarrerie des modes. Mais le terrible mot de l’époque : « Revenez à la nature », avait tué ces artistes, coiffeurs et coiffeuses ; tout allait vers une simplicité effrayante. Le perruquier perdait à la fois son existence et son importance. Je dis importance, il