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passage et qui le fit relâcher ; il fut arrêté de nouveau dans la nuit.

Une porte restait ouverte aux républicains et Orléanistes. L’Assemblée n’avait rien statué sur Louis XVI ; elle avait voté des mesures préventives contre une désertion possible du Roi. La question personnelle restait tout entière. C’est ce qui fut, le soir, établi aux Jacobins par Laclos, Robespierre et autres. L’homme du duc d’Orléans, Laclos, qui présidait ce jour-là, demanda qu’on fît à Paris et par toute la France une pétition pour la déchéance. « Il y aura, dit-il, j’en réponds, dix millions de signatures ; nous ferons signer les enfants mêmes, les femmes… » Il savait bien qu’en général les femmes voulaient un roi, et qu’elles ne signeraient contre Louis XVI qu’au profit d’un nouveau roi.

Danton appuya, Robespierre aussi, mais sans faire signer les femmes. De plus, à cette grande pétition de tout le peuple, il préférait une adresse exclusivement jacobine, envoyée aux sociétés affiliées… Cependant un grand bruit se fait, un grand flot de foule envahit la salle. Madame Roland, qui vit la scène d’une tribune, dit que c’étaient les aboyeurs ordinaires du Palais-Royal avec une bande de filles, probablement une machine montée par les Orléanistes pour mieux appuyer Laclos. Cette foule se mit, sans façon, dans les rangs des Jacobins, pour délibérer avec eux. Laclos monte à la tribune : « Vous le voyez, dit-il, c’est le peuple, voilà le peuple ; la pétition est