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elle fait des règlements pour favoriser la division et subdivision des biens nationaux. Elle menace les émigrés ; s’ils ne rentrent dans un mois, malheur à eux !… Seulement la pénalité est minime et ridicule : leurs biens sont imposés au triple.

L’Assemblée est prise aussi d’un accès inattendu de bonne volonté pour le pauvre ; elle fait des petits assignats « pour faciliter le payement des ouvriers ». Elle vote plusieurs millions pour les hôpitaux ; elle fait venir la municipalité de Paris, lui ordonne de distribuer des secours, de commencer des travaux, d’aider les ouvriers étrangers à sortir de la ville.

En même temps, au pas de course, on lit, on vote des lois de police qui, sous ce simple titre : Police municipale, tranchent les plus grandes questions ; un article, par exemple, défend aux clubs de s’assembler, à moins d’avertir d’avance du jour de réunion. Les habitants de chaque maison sont tenus de donner leur nom, âge, profession, etc. Des pénalités graves sont prononcées contre les voies de fait, les simples paroles ; la calomnie peut être punie de deux années de prison.

Tout cela se votait fort vite, à peu près sans discussion. Les séances publiques, si longues jadis, étaient devenues très courtes ; vers trois ou quatre heures, tout était fini ; et encore, pour remplir ces courtes séances, on suppléait par des affaires étrangères à la grande question, guerre, administration, finances. Les tribunes, ardentes, inquiètes, remplies d’une foule avide, ne voyaient, n’apprenaient rien ; la foule retour-