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aussi de la pitié, qui prend les cœurs à leur insu.

Mais, contre la pitié même, au troisième moment, réagit la défiance, et la colère, quand les renards de l’Assemblée entreprennent d’escamoter et le crime et le coupable (en sorte qu’il ne resterait qu’un roi, tout blanc d’innocence), quand ils entreprennent d’effacer l’histoire, de biffer Varennes, de faire, par une chicane impuissante, ce miracle impossible à Dieu, que ce qui est fait n’ait pas été fait.

Examinons-les à l’œuvre.

Le 26, les comités de constitution et de législation criminelle proposent, par l’organe de Duport : « Que ceux qui accompagnaient le roi soient interrogés par les juges naturels, mais que le roi et la reine soient entendus en leurs déclarations par trois commissaires de l’Assemblée nationale. »

Quelqu’un demandant que cette instruction fût renvoyée à la cour suprême d’Orléans, Duport répondit que ce n’était qu’une information première.

« Si c’est une information, répondirent Robespierre, Bouchotte et Buzot, vous ne pouvez la scinder, elle est une et ne peut se faire par des autorités diverses. Le roi n’est qu’un citoyen, un fonctionnaire, comptable à ce titre, soumis à la loi. »

À quoi Duport, reculant dans le vague des vieilles fictions, dit que le roi n’était pas un citoyen, mais un pouvoir de l’État. Puis, maladroitement : « Ce n’est pas ici une procédure qui se fasse directement contre le roi ; il est de notre prudence de ne pas pénétrer dans l’avenir… Il ne s’agit pas encore ici d’une