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26 novembre, elle s’accomplit en janvier. Au point central de la presqu’île, loin des routes, dans la solitaire petite ville de Pontivy, se réunissent les représentants de cent cinquante mille gardes nationaux. Les cavaliers portaient seuls un uniforme commun, corset rouge et revers noirs ; tous les autres, distingués par des revers roses, amarante, chamois, etc., rappelaient, dans l’union même, la diversité des villes qui les envoyaient. Dans leur pacte d’union, auquel ils invitent toutes les municipalités du royaume, ils insistent néanmoins pour former toujours une famille de Bretagne et Anjou, « quelle que soit la nouvelle division départementale, nécessaire à l’administration ». Ils établissent entre leurs villes un système de correspondance.

Dans la désorganisation générale, dans l’incertitude où ils sont encore du succès de l’ordre nouveau, ils s’arrangent pour être du moins toujours organisés à part.

Dans les pays moins isolés, au croisement des grandes routes, sur les fleuves spécialement, le pacte fraternel prend un sens plus étendu. Les fleuves, qui, sous l’ancien régime, par la multitude des péages, par les douanes intérieures, n’étaient guère que des limites, des obstacles, des entraves, deviennent, sous le régime de la liberté, les principales voies de circulation, ils mettent les hommes en rapport d’idées, de sentiments, autant que de commerce.

C’est près du Rhône, à deux lieues de Valence,