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et de parlementaires avaient simulé un essai de réunion d’États. Ceux de Cambrésis, imperceptible assemblée d’un pays imperceptible, qui s’intitulaient États, avaient réclamé leur privilège de ne pas être France, et dit, comme ceux de Bretagne : « Nous sommes une nation. »

Ces fausses et infidèles représentations des provinces venaient audacieusement parler en leur nom. Et elles recevaient à l’instant de violents démentis. Les municipalités, ressuscitées, pleines de vigueur et d’énergie, venaient une à une, devant l’Assemblée nationale, dire à ces États, à ces parlements : « Ne parlez pas au nom du peuple ; le peuple ne vous connaît pas ; vous ne représentez que vous-mêmes, la vénalité, l’hérédité, le privilège gothique. »

La municipalité, corps réel, vivant (on le sent à la force de ses coups), dit à ces vieux corps artificiels, à ces vieilles ruines barbares, l’équivalent du mot déjà signifié au corps du Clergé : « Vous n’existez pas ! »

Ils firent pitié à l’Assemblée. Tout ce qu’elle fit à ceux de Bretagne, ce fut de les déclarer inhabiles à faire ce qu’ils refusaient de faire, de leur interdire toute fonction publique, jusqu’à ce qu’ils eussent présenté requête pour obtenir de prêter serment (11 janvier).

Même indulgence, deux mois après, pour le parlement de Bordeaux, qui, saisissant l’occasion des désordres du Midi, se hasarda jusqu’à faire une espèce de réquisitoire contre la Révolution, décla-