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Il leur fallut bien venir, ces vieux tyrans parlementaires, aux pieds de la nation (8 janvier). S’ils n’étaient venus d’eux-mêmes, la Bretagne aurait plutôt levé une armée exprès pour les y traîner. Ils comparurent avec arrogance, un mépris mal déguisé pour cette assemblée d’avocats, n’en tenant guère plus de compte qu’aux jours où d’en haut ils écrasaient le barreau de pesantes mercuriales. Les rôles ici étaient changés. Au reste, qu’importaient les personnes ? C’était devant la raison qu’il fallait répondre, devant les principes, posés pour la première fois.

Leur superbe baissa tout à fait, ils furent comme cloués à terre, quand, de cette assemblée d’avocats, les mots suivants furent lancés : « On dit que la Bretagne n’est pas représentée, et, dans cette Assemblée, elle a soixante-six représentants… Ce n’est pas dans de vieilles chartes, où la ruse combinée avec la force a trouvé moyen d’opprimer le peuple, qu’il faut chercher les droits de la nation ; c’est dans la raison ; ses droits sont anciens comme le temps, sacrés comme la nature. »

Le président du parlement de Bretagne n’avait pas défendu le parlement qui était en cause. Il défendait la Bretagne, qui ne voulait pas être défendue et n’en avait pas besoin.

Il allégua les clauses du mariage d’Anne de Bretagne, mariage qui n’était qu’un divorce organisé, stipulé, entre la Bretagne et la France. Il plaidait pour ce divorce, comme un droit qui devait être