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lier qui comprit son intention, qui l’eût tué peut-être ; il se jeta dans la traverse, s’enfonça dans les bois ; nul moyen de le poursuivre.

Il manqua cependant le roi à Clermont ; cette ville, non moins agitée que Sainte-Menehould et neutralisant de même la troupe par ses menaces, laissa pourtant passer la voiture. Jamais Drouet ne l’eût atteinte, si, d’elle-même, elle ne se fût arrêtée une demi-heure au plus, à la porte de Varennes, ne trouvant point de relais.

Là se place une des fautes capitales de l’expédition. Goguelat, officier d’état-major, ingénieur et topographe, s’était chargé d’assurer, de vérifier tous les détails, de placer les relais aux points où il n’y avait pas de maison de poste ; c’était lui qui avait donné tout le plan au roi, qui lui avait fait, refait sa leçon. Louis XVI, qui avait une excellente mémoire, la répéta mot pour mot au courrier de Valory ; il lui dit qu’il trouverait des chevaux et un détachement avant la ville de Varennes. Or Goguelat les mit après, et il oublia de prévenir le roi de ce changement au plan convenu.

Le courrier, M. de Valory, qui galopait en avant, aurait fini par trouver le relais, si, comme il était raisonnable, il eût pris une heure, au moins une demi-heure d’avance ; mais il aimait mieux profiter d’une si rare occasion ; il trottait à la portière, obtenait ainsi quelques mots des augustes voyageurs ; tard, bien tard, il mettait son cheval au galop et avertissait le relais. Ce fut bien aux