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faiblesse de remettre à la reine cette dénonciation, que l’honneur du moins lui faisait un devoir de tenir secrète.

Le roi, la reine, avaient fait dire qu’ils assisteraient le dimanche suivant, jour de la Fête-Dieu, à la procession paroissiale du clergé constitutionnel. Madame Élisabeth y témoignait de la répugnance. Le 19 (veille du départ), la reine, parlant à Montmorin, qui venait de voir la sœur du roi, disait au ministre : « Elle m’afflige ; j’ai fait tout au monde pour la décider ; il me semble qu’elle pourrait faire à son frère le sacrifice de son opinion. »

Le roi tarda jusqu’au 20 juin, pour attendre que la femme qui avait dénoncé sortît de service, et aussi pour toucher encore un trimestre de la liste civile ; il le dit ainsi lui-même. Enfin c’était le 15 juin seulement que les Autrichiens devaient avoir occupé les passages à deux lieues de Montmédy. Les retards successifs qui avaient eu lieu, les mouvements de troupes commandées, décommandées, n’étaient pas sans inconvénient. Choiseul dit au roi, de la part de M. de Bouillé, que s’il ne partait le 20, dans la nuit, lui Choiseul relèverait tous les postes échelonnés sur la route et passerait, avec Bouillé, sur terre autrichienne.

Le 20 juin, avant minuit, toute la famille royale, déguisée, sortie par une porte non gardée, était dans le Carrousel.

Un militaire fort résolu, désigné par M. de Bouillé, devait monter dans la voiture, répondre, s’il était