Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/486

Cette page a été validée par deux contributeurs.

n’ayant que vingt et un ans ; Fersen était infiniment dévoué, mais distrait, oublieux, ce semble, on en jugera tout à l’heure. Ce furent pourtant ces deux personnes qui eurent en mains et réglèrent le destin de la monarchie.

M. de Bouillé, connaissant la cour et sachant qu’on pourrait fort bien le désavouer, si la chose tournait mal, avait exigé du roi qu’il écrivit une lettre détaillée pour l’autoriser, laquelle passerait sous les yeux de son fils, qui en tirerait copie. Chose grave, chose périlleuse. Le roi écrivait et signait un mot qui, deux ans après, devait le mener à la mort : « Il faut s’assurer, avant tout, des secours de l’étranger. »

En octobre, le roi, dans la première approbation qu’il donnait au projet, disait seulement qu’il comptait sur les dispositions favorables de l’Empereur et de l’Espagne. En décembre, il veut leurs secours.

Le projet d’abord avait eu une apparence française. Le succès de M. de Bouillé à Nancy avait donné l’espoir qu’un grand parti, et dans l’armée et dans la garde nationale, se prononcerait pour le roi, que la France serait divisée : il suffisait alors à M. de Bouillé que l’Autrichien fit une démonstration extérieure, seulement pour donner prétexte de réunir des régiments ; à mesure un fait se déclara qui changeait la face des choses, l’unanimité de la France.

L’affaire devint tout étrangère. M. de Bouillé