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avait été si près de périr ; pleurante, elle lui fit jurer qu’il ne partirait jamais seul, qu’ils ne s’en iraient qu’ensemble, échapperaient ou périraient ensemble. Elle ne voulait même pas qu’ils partissent, au même moment, par des routes différentes.

Louis XVI refusa, au printemps de 1790, les offres qu’on fit de l’enlever. Il ne profita pas, pour fuir, du séjour à Saint-Cloud qu’il fit dans la même année ; il y avait toute facilité, allant tous les jours à cheval ou en voiture, et à plusieurs lieues. Il ne voulait laisser personne, ni la reine, ni le dauphin, ni Madame Élisabeth, ni Mesdames. La reine ne pouvait se décider non plus à laisser telle dame confidente, telle femme qui avait ses secrets. On ne voulait partir qu’en masse, en troupe, en corps d’armée.

Dans l’été de 1790, l’affaire du serment des prêtres troublant fort la conscience du roi, on le poussa à la démarche d’écrire aux puissances et de protester. Le 6 octobre 1790, il envoya une première protestation à une cour parente, à son cousin, le roi d’Espagne, celui de tous les princes dont il se défiait le moins. Puis il écrivit à l’empereur, à la Russie, à la Suède ; en dernier lieu, le 3 décembre, il s’adressa à la puissance qui lui était la plus suspecte, ayant voulu tout d’abord se mêler des affaires de France : je parle de la Prusse. Il demandait à tous « un congrès européen, appuyé d’une force armée », sans expliquer s’il voulait que cette force fût active contre la Révolution (Hardenberg, I, 103).

Les rois n’avaient généralement point de hâte. Le