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fureurs nouvelles, moins une guerre qu’une scène horriblement variée d’embûches et d’assassinats. Les lenteurs de l’Assemblée nationale y étaient pour beaucoup, on devait l’en accuser, et la fatale proposition de Mirabeau d’ajourner la décision. Elle n’arriva que le 4 mai, et encore ne décida rien. L’Assemblée déclarait qu’Avignon ne faisait point partie intégrante de la France, sans toutefois que la France renonçât à ses droits. — Ce qui revenait à dire : « L’Assemblée juge qu’Avignon n’appartient pas, sans nier qu’elle appartienne. »

Le même jour, 4 mai, se répand dans Paris un bref du pape, une sorte de déclaration de guerre contre la Révolution. Il s’y répand en injures contre la constitution française, déclare nulles les élections de curés et évêques, leur défend d’administrer les sacrements. Une société patriotique, pour rendre insulte pour insulte, jugea le lendemain le pape au Palais-Royal et brûla son mannequin. Aux termes du même jugement, le journal bien-aimé des prêtres, celui de l’abbé Royou, fut brûlé aussi, après avoir été préalablement mis dans le ruisseau.

Le pape a fait du chemin depuis le quatorzième siècle. Au soufflet de Boniface VIII, le monde tressaillit d’horreur. La bulle, brûlée par Luther, l’agita profondément encore. Ici le pape et Royou finissent paisiblement ensemble, sans que personne y prenne garde, exécutés au ruisseau de la rue Saint-Honoré.

Autant le pape recule, autant son adversaire avance. Cet adversaire immortel (qui n’est autre que