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Robespierre a exprimée, leur désir, leur intérêt ; il est leur organe. Il parle pour eux et devant eux, soutenu par eux ; car ce sont eux que je vois là-haut remplir les tribunes. Cette assemblée supérieure, comme je l’ai nommée déjà, commence à peser lourdement d’en haut sur l’Assemblée constituante. Et ce n’est pas une des moindres raisons qui fait que celle-ci aspire au repos. De plus en plus, les tribunes interviennent, mêlent des paroles aux discours des orateurs, des applaudissements, des huées. Dans la question des colonies par exemple, un défenseur des colons fut sifflé outrageusement.

L’histoire intérieure de la société jacobine est infiniment difficile à pénétrer. Leur prétendu journal, rédigé par Laclos, loin d’en être la lumière, en est l’obscurcissement. Ce qui pourtant est très visible, c’est que des deux fractions primitives de la société, la fraction orléaniste baisse alors, discréditée par l’avidité de son chef dans l’affaire des quatre millions, par la polémique républicaine que Brissot et autres dirigent contre elle. L’autre fraction (Duport, Barnave et Lameth) semble aussi usée, énervée ; il semble qu’en blessant à mort Mirabeau, le soir du 28 février, elle ait laissé dans la plaie son dard et sa vie. En mars, agit-elle encore dans la violente émeute où les Jacobins firent achever le club des Monarchiens à coups de pierres et de bâtons ? C’est ce qu’on ne peut bien savoir. Ce qu’on peut dire en général des triumvirs, c’est que leur mauvais renom d’intrigue et de violence, les bruits sinistres (quoique