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loureuse que la chose soit à dire, il a été justement expulsé du Panthéon.

La Constituante eut raison d’y mettre l’homme intrépide qui fut le premier organe, la voix même de la liberté. — La Convention eut raison de mettre hors du temple l’homme corrompu, ambitieux, faible de cœur, qui aurait préféré à la patrie une femme et sa propre grandeur.

Ce fut par un triste jour d’automne, dans cette tragique année de 1794, où la France avait presque achevé de s’exterminer elle-même, ce fut alors qu’ayant tué les vivants, elle se mit à tuer les morts, s’arracha du cœur son plus glorieux fils. Elle mit une joie sauvage dans cette suprême douleur. L’homme de la loi chargé de la hideuse exécution, dans un procès-verbal informe, ignorant, barbare, qui donne une idée étrange du temps, dit ces propres mots ; j’en conserve l’orthographe : « Le cortège de la fête s’étant arrêté sur la place du Panthéon, un des citoyens huissier de la Convention s’est avancé vers la porte d’entrée dudit Panthéon, y a fait lecture du décres qui exclus d’y celuy les restes d’Honoré Riquetti Mirabeau, qui aussitôt ont été porté dans un cercueil de bois hors de l’enceinte dudit temple, et nous ayant été remis, nous avons fait conduire et déposer ledit cercueil dans le lieu ordinaire des sépultures… » Ce lieu n’est autre que Clamart, cimetière des suppliciés, dans le faubourg Saint-Marceau. Le corps y fut porté pendant la nuit et inhumé sans nul indice, vers le milieu de l’enceinte. Il y est encore