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sauvée que vengée, ne goûtait aucune idée raisonnable. Le moyen qu’il proposait était celui qu’elle repoussait le plus : Être modéré et juste, avoir toujours raison ; travailler lentement, fortement l’opinion, surtout celle des départements, hâter la fin de l’Assemblée dont il n’y avait rien à attendre, en former une nouvelle, lui faire reviser la constitution. (Voir ses Mémoires, t. VIII.)

Il voulait sauver deux choses, la royauté et la liberté, croyant la royauté elle-même une garantie de liberté. Dans cette double tentative, il trouvait un grand obstacle, l’incurable ineptie de la cour qu’il défendait. Le côté droit, par exemple, ayant hasardé contre les couleurs nationales une sortie insolente, imprudente au plus haut degré, Mirabeau y répondit par une foudroyante apostrophe, par les mots mêmes que la France eût dits, si elle eût parlé ; le soir, il vit arriver M. de La Marck éperdu qui venait le gronder de la part de la reine, se plaindre de sa violence. Il tourna le dos et répondit avec indignation et mépris. Dans son discours sur la régence, il demanda et fit décréter que les femmes en seraient exclues.

On ne voulait point s’aider sérieusement de lui, mais seulement le compromettre, le dépopulariser. On avait, en grande partie, obtenu ce dernier point. Des trois rôles qui peuvent tenter le génie, en révolution, Richelieu, Washington, Cromwell, nul ne lui était possible. Ce qui lui restait de mieux à faire, c’était de mourir à temps. Aussi, comme s’il