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considérable de leur crédit, leur homme enterré pour longtemps, un préjugé très grave créé contre la royauté, tant citoyenne fût-elle. Une foule de révolutionnaires royalistes, favorables à l’institution monarchique et dominés par la routine anglaise d’appeler les branches cadettes, en furent déroyalisés.

Robespierre a eu tort de dire : « La République s’est glissée entre les partis sans qu’on sût comment. » On connaît très bien la porte par laquelle elle est entrée dans ce pays si monarchique, si obstinément amoureux des rois. L’histoire n’y avait rien fait ; en vain Camille Desmoulins, dans son merveilleux pamphlet de juillet 1789 (La France libre), avait prouvé de règne en règne que l’ancienne monarchie n’a presque jamais tenu ce que se promettait d’elle l’aveugle dévotion du peuple : il parlait inutilement. L’objection ne semblait pas toucher le nouvel idéal de royauté démocratique que beaucoup de gens se faisaient. Cet idéal fut tué par la royauté en herbe. Son candidat fit penser qu’avec lui le Trésor public serait une caisse sans fond.

Le principal fondateur de la République fut le duc d’Orléans.

L’initiative républicaine, prise par Camille Desmoulins, fut reprise par un autre Cordelier, Robert. Il posa de nouveau l’idée qui seule pouvait donner une simplicité franche et forte à la Révolution, l’idée de la République. Il publia sa brochure : Le Républicanisme adapté à la France. Cette question fut peu à peu adoptée par Brissot, comme celle qui dominait