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I. Le premier point, c’est leur indulgence pour le clergé. Contrairement à l’opinion générale, ils ne paraissent pas croire que la Révolution ait été amenée par les fautes des prêtres autant que par celles des rois. Les premiers n’apparaissent dans leurs livres que de profil et en seconde ligne. La tradition anti-ecclésiastique de la philosophie française leur inspire peu de sympathie ; dans Rabelais, Molière et Voltaire, ils ne voient que les organes d’un individualisme égoïste des classes bourgeoises. Nous, nous y voyons le peuple, la manifestation vraie et forte de l’esprit français, tel qu’on le trouve antérieurement dans les fabliaux, fables, contes, poésies populaires de tout âge, de toute forme et de toute espèce.

Nous ne portons ici aucun jugement sur le mérite des deux doctrines opposées. Nous notons seulement leur opposition.

II. Il en est de même pour le second point. Les quatre écrivains dont je parle s’accordent dans leur admiration pour les hommes de la Terreur ; ils croient que le Salut public a sauvé la France, ils révèrent les noms qui, à tort ou à raison, sont restés exécrables dans le souvenir du peuple, et, dans sa bouche, maudits.

Deux des histoires en question ne sont point achevées. Attendons les faits, inconnus sans doute, qu’elles tiennent encore en réserve, des faits, s’il en est d’assez concluants pour faire que l’instinct populaire a erré, que la France s’est trompée.